Ce mémoire porte sur la construction identitaire des adolescents adoptés, en lien avec l'intérêt qu'ils peuvent porter (ou non) pour leurs origines. Les adolescents adoptés sont amenés à s'individualiser de leur famille et à parvenir à une définition cohérente d'eux-mêmes comme tout autre adolescent (Dunbar & Grotevant, 2004). Cependant, leur construction identitaire est plus complexe en raison de leur double appartenance familiale, de leurs origines incomplètes ou ambiguës (Grotevant, Dunbar, Kohler & Esau, 2000) mais aussi des différences ethniques, personnelles et physiques qu'ils peuvent avoir leur entourage (Dunbar & Grotevant, 2004). De plus, selon Grotevant (1997), ils doivent se construire une identité adoptive qui est le sentiment de soi en tant que personne adoptée. Pour ce faire, ils doivent réfléchir au sens et au rôle de l'adoption dans leur vie, pour ensuite l'intégrer dans leur identité. Sur base du degré de réflexion (exploration) et de l'importance (saillante) de l'adoption dans leur vie, Grotevant et Dunbar (2004) ont établi quatre identités adoptives (non examinée, limite, perturbée et intégrée) chez les adolescents adoptés. Mais qu'est-ce qui peut influencer l'identité adoptive et expliquer le fait que certains réfléchissent et accordent plus d'importance à leur adoption et à leurs origines que d'autres ? Dans cette étude, nous nous intéressons aux facteurs en lien avec le sentiment d'appartenance avec la famille, avec les pairs et avec la société, car selon Delannoy et Vallée (2012), les difficultés des individus adoptés résonnent avec des difficultés d'appartenance (sentiment de ne pas savoir qui ils sont vraiment, de n'être jamais totalement intégrés, d'avoir besoin de faire un retour sur leur passé, etc). Au niveau méthodologique, nous rencontrerons 5 adolescents adoptés de 12 à 19 ans, au cours d'un entretien semi-structuré, abordant : l'histoire adoptive, l'identité adoptive (évaluée par l'Adoptive Identity Questionnaire de Dunbar, 2003, et l'Adoptive Identity Work Scale de Colaner, 2014), le sentiment d'appartenance avec la double filiation, les pairs et la société ( évalués par un questionnaire basés sur des facteurs liés au SA par King & Boyd, 2016 et par une échelle visuelle inspirée de Morris, McLaren, McLachan & Jenkins, 2014) ainsi que les expériences de discrimination stigmatisation sur l'adoption et l'apparence physique |