La mémoire épisodique est de mieux en mieux comprise au fil des années de recherche. Selon
Tulving (1972, 1985, 1993), elle reçoit et stocke l’information concernant des épisodes datés
ou des événements personnellement vécus avec des indices spatio-temporels subjectifs,
permettant de voyager mentalement dans le temps et de se rappeler des événements dans un
ordre temporel précis. Selon Conway (2009), les souvenirs épisodiques sont des
représentations mentales du contenu des événements, prenant la forme de résumés
d’événements se succédant. Ces résumés s’effectuent notamment sur l’aspect temporel. Ce
phénomène, appelé la compression temporelle des souvenirs épisodiques, se traduit par le fait
que, au moment du rappel, les individus prennent moins de temps à se remémorer un
événement que le temps nécessaire pour le vivre réellement (Jeunehomme et al., 2018).
Jusque récemment, les investigations concernant la compression temporelle sont restées
cantonnées aux études n’envisagent pas un contexte plus écologique de la vie quotidienne. Ce
mémoire se concentre sur cet aspect en proposant un protocole permettant d’étudier la
compression des souvenirs épisodiques hors laboratoire. L’objectif de ce mémoire est
d’estimer la faisabilité de l’étude permettant d’évaluer la manière dont les caractéristiques
d’émotion, d’habitude, de familiarité et d’importance personnelle composant les événements
influencent le taux de compression temporelle des souvenirs épisodiques. Le paradigme
employé est l’utilisation d’un appareil photo portable permettant de récolter les événements
de vie des participants et d’un livret permettant d’évaluer ces dimensions. Additionné à la
tâche expérimentale mise en place mesurant le taux de compression temporelle des
événements de la vie quotidienne et l’estimation subjective de durée des événements, nous
nous attendons à ce qu’un événement important pour le participant, contenant une émotion,
prenant place dans un environnement non familier, et étant non routinier diminuent le taux de
compression temporelle des souvenirs épisodiques. A l’inverse, un événement ne comportant
pas d’importance personnelle pour le participant, émotionnellement neutre, prenant place
dans un environnement familier et étant routinier augmenteraient le taux de compression
temporelle des souvenirs épisodiques. |