Ce projet d’étude propose de se centrer sur l'exploration de la subjectivité de femmes prostituées. L’objectif étant de tenter de rendre compte de leur vécu prostitutionnel, d'investiguer la question de la relation d'objet chez ces femmes et d'essayer de comprendre la manière dont elles parviennent ou non à concilier leurs vies privée et professionnelle. Pour ce faire, notre recherche se base sur une méthodologie qualitative et sur une analyse psychodynamique.
Nous avons rencontré cinq femmes ayant exercé ou exerçant encore la prostitution lors d'une unique entrevue. Celle-ci s'est déroulée en deux temps. Le premier consistait en la passation de l'épreuve du TAT (Thematic Apperception Test) et le second était un entretien semi-structuré basé sur la consigne du récit de vie.
L’interprétation des données de notre étude semble indiquer que le vécu prostitutionnel est très ambivalent mais aussi qu'il est important que ce vécu soit entendu en le replaçant dans l'histoire singulière de chaque personne. De même, nos résultats semblent indiquer une profonde connexion entre le choix de la prostitution, le fonctionnement psychique et la relation d'objet de ces femmes. Dans ce contexte nous avons pu souligner que le fait de se prostituer est un processus intimement relationnel, que ces femmes, en se prostituant, étaient généralement en recherche d'un regard et ce, pour faire face à une fragilité narcissique et identitaire sous-jacente. Nous avons aussi pu appuyer le fait que le clivage était majoritairement utilisé par les travailleuses du sexe dans le but de distinguer leurs sphères privée et prostitutionnelle. Toutefois, notre étude nous à permis de mieux cerner et de nuancer ce mécanisme et de mettre en exergue que l'utilisation de ce dernier est présente mais dans des situations et contextes spécifiques. |