Mémoire de Célia Genais
 
Le vécu parental des personnes qui se constituent famille d'accueil 

Promoteur Naziri Despina  
Lecteur Manfredini Tiber
Lecteur Balancier Catherine

    Cette recherche qualitative vise à étudier le vécu parental de six parents de famille d’accueil. L’accueil familial s’inscrit sous mandats de durées variables déterminées judiciairement. Il s’agit de trouver un lieu propice au bon développement de l’enfant qui ne bénéficie pas d’un cadre familial sécure dans sa famille biologique. À travers l’analyse de la littérature, il ressort que l’accueil familial implique un engagement profond. Rentrer dans ce processus relève souvent d’une forme de don de soi, et d’une nécessité de développer cette notion du « care » autant physique que psychique (Pachoud, 2013). Nous nous interrogeons sur les raisons personnelles de ces individus à entrer dans cette expérience puisque dans la littérature, les difficultés de cette parentalité sont frappantes: peu de soutien social ou juridique, une parole peu comprise, voire déniée (Miller et al., 2019). En conséquences, ces auteurs font état de renoncement, de démotivation, de doutes dans le sentiment de compétence parentale. Nous avons alors investigué les imagos parentales qui sont présentes chez ces parents d’accueil afin de comprendre leur passé familial, puis leurs motivations à rentrer dans ce processus. Enfin, nous nous sommes interrogés sur la place parentale possible que ces parents d’accueil peuvent avoir dans cette configuration. Le tout s’est articulé autour d’une approche psychodynamique. Après la réalisation de six entretiens d’environ deux heures auprès de cinq mères et un père d’accueil, nous avons entrepris une analyse approfondie selon l’approche psychodynamique de chacun d’entre eux. L’analyse transversale les mettant en lien fait ressortir que ce geste d’accueil au départ altruiste prenait naissance dans un impérieux besoin de réparation. Cela viendrait de blessures narcissiques et d’angoisses abandonniques actées dès l’enfance, auprès d’imagos parentales plutôt défaillantes. Cette rentrée dans le processus viendrait également d’un désir d’enfant, ou tout du moins de se sentir parent. Précisément, se sentir parent dans une telle configuration, où le parent d’origine a sa place et où l’angoisse de séparation est toujours présente semble difficile à élaborer. À tel point que l’on pourrait questionner les notions d’attachement et d’implication inconscientes que ces parents expriment envers les enfants accueillis. Toutefois, ces parents d’accueil sont indéniablement des agents de réparations pour ces enfants et participent à leur épanouissement, ce qui est loin d’être négligeable. Il semblerait que les deux protagonistes, l’enfant et le parent, se soutiennent voire se complètent dans leurs parcours de vie respectifs. 

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